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Plantes de service en pépinière Une application concrète en pleine terre

Inter-rangs fleuris en juin puis juillet 2022.

Les pépinières l’Orme Montferrat partagent les premiers résultats de leurs essais avec des plantes de service, sur fruitiers et arbres d’ornement.

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Suite aux premiers travaux réalisés avec la Chambre régionale d’agriculture d’Ile-de-France et Astredhor Seine-Manche sur les plantes de services utilisées en horticulture, plusieurs articles ont déjà été publiés dans Lien horticole. Ils ont permis notamment de définir les rôles des plantes en fonction des différents services qu’elles peuvent offrir aux exploitants horticoles mais aussi pépiniéristes : 
. source d’alimentation en pollen et nectar pour les pollinisateurs, et surtout pour les auxiliaires  c’est une aide au contrôle des populations de bioagresseurs ;
. limiter la pousse des plantes indésirables (chardons…) ;
. améliorer la structure physico-chimique des sols ;
. donner une vie dans le sol et dans le système aérien ;
. embellir le paysage…
Sur des parcelles de pépinières les plantes de service seront mises en place en extérieur en pleine terre, ou en hors-sol en serres ou tunnels.
Cette première partie consacrée à la pépinière illustre comment une grande pépinière située à Courtacon en Seine-et-Marne, les Pépinières L’Orme Montferrat, a utilisé et donc mis en place une diversité de plantes de services en pleine terre parmi les arbres cultivés.
Les objectifs étaient multiples :
. contrôler les populations de bioagresseurs sur cerisiers, poiriers, pommiers, conifères, bouleaux…
. limiter la pousse des indésirables tels que les chardons et les érigérons du Canada à la suite de l’arrêt de l’utilisation d’herbicide chimique.
En pleine terre, le plus facile pour implanter des plantes de service, c’est de semer. Soit on achète des mélanges, option satisfaisante. Mais si l’on souhaite des mélanges pérennes intéressants, il est préférable de choisir des mélanges de plantes sauvages vivaces, annuelles et bisannuelles.

Répertorier très précisément, puis semer

L’approche se fait par étapes :
1.   on liste les bioagresseurs 
2.   on liste leurs ennemis naturels ;
3.   on liste les plantes qui sont favorables à ces ennemis naturels ;
4.   on couple avec la limitation des plantes indésirables ;
5.   on regarde avec l’exploitant quelles sont les plantes parmi cette liste qui ne sont pas contraignantes.
Pour la pépinière l’Orme Montferrat, les résultats de cette « enquête » sont rassemblés dans le tableau ci-contre. Qu’en ressort-il ?
Plusieurs fois, les mêmes noms d’espèces de plantes sont cités. Ces plantes vont donc être privilégiées car elles sont :
. soit sources de pollen et de nectar pour les auxiliaires : syrphes, chrysopes, parasitoïdes, punaises prédatrices. Par exemple les syrphes femelles adultes pondent dans les colonies de pucerons ; les larves iront ensuite prédater les ravageurs ;
. soit elles servent de corridor pour les carabes ;
. soit elles sont compétitrices contre les adventices (trèfles blancs, violets…) ;
. soit elles peuvent être des plantes répulsives pour les bioagresseurs (mineuses et pucerons) comme Nepeta, la phacélie, le coriandre, ou encore le fenouil…
Un mélange a été réalisé avec l’aide d’un semencier de plantes sauvages (fournisseur Nungesser Semences). Puis les semis ont été réalisés au printemps 2021, courant juin après la plantation des arbres ?, sans arrosage. Le semis des bandes fleuries demande une très bonne préparation de sol et, si nécessaire, de faire un faux semis. Nous avons implanté les bandes tous les 12 m dans les parcelles de fruitiers ; évidemment cela nécessite de consacrer plus de surface à la plantation. 
Après une première année pas évidente, les plantes ont bien levé et se sont exprimées pleinement en 2022.
Des charmes, issus de la pépinière, ont aussi été implantés parmi les poiriers pour conserver les typhlodromes, acariens prédateurs d’acariens.

Peu d’attaques de pucerons, phytoptes ou mineuses

Les premiers résultats en 2022 sont satisfaisants puisque :
. les attaques de pucerons ont été limitées dans l’espace, avec peu de pommiers atteints, et dans le temps puisqu’en quelques jours les populations de pucerons ont disparu courant du mois de mai, alors que les années précédentes les attaques étaient difficiles à contrôler ;
. très peu d’observations de phytoptes sur les poiriers ;
. aucune observation de mineuse sur les bouleaux.
Et surtout les observations sont incroyables en termes de quantité et de diversité en auxiliaires, avec des centaines de chrysopes, syrphes et coccinelles dans les bandes fleuries, mais également dans les arbres cultivés, surtout de mai à juillet (voir graphique sur Lien Horticole n°1122 de janvier-février 2023). D’autres résultats plus précis seront présentés dans un prochain article.

© J. Villenave-Chasset - Pupe de syrphe sous le feuillage des jeunes arbres dans une parcelle avec semis de fleurs diverses.

Des haies réservoir toute l’année

Les observations doivent être plus nombreuses et régulières afin de s’assurer que n’apparaissent pas des bioagresseurs ou qu’il n’y ait pas de débordements.
Nous avons renouvelé les semis de bandes fleuries pour la plantation de 2022, avec déjà une très bonne levée.
Nous projetons d’implanter une haie relais de 600 m, le long d’une parcelle de pépinière, afin de compléter les aménagements et donc de servir de réservoir à auxiliaires toute l’année.

© J. Villenave-Chasset - Inter-rangs fleuris en juin puis juillet 2022.

*Déjà paru dans Lien horticole : "Les plantes de services, des alliées… en milieu agricole ouvert ou fermé".

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